Lucy McKenzie présente Super Palace à Z33
29.09 - 23.02.2025, vernissage 28.09 à 17h
L'artiste écossaise Lucy McKenzie (°1977) vit et travaille à Bruxelles depuis 18 ans. Dans Z33, elle présente sa première exposition solo belge avec de nouvelles œuvres adaptées au bâtiment. Elle considère Z33 comme un reflet de la ville, où les espaces publics et privés alternent. Au rez-de-chaussée, on passe devant des installations qui rappellent une rue commerçante, une gare ou un champ de foire, tandis qu'à l'étage, les œuvres d'art se concentrent sur les intérieurs domestiques.
La place des femmes dans l'espace public
L'exposition commence par Faux Sports Shop, la vitrine d'une boutique imaginaire de l'Atelier E.B, la marque de mode de McKenzie et de la styliste Beca Lipscombe. Un peu plus tard, McKenzie transforme deux mannequins en statues classiques, peintes à l'aide de la technique du faux vert-de-gris. Les têtes des mannequins ont été remplacées par celles de Zoya Kosmodemyanskaya, une résistante soviétique assassinée par les nazis. Un peu plus loin, vous verrez un lampadaire peint et recouvert de dessins. On y voit Beca Lipscombe habillée en mannequin « Rrose Sélavy » de l'artiste Marcel Duchamp (1887-1968). McKenzie s'intéresse à la manière dont les artistes masculins et féminins ont réagi différemment aux mannequins. Duchamp a remis en question les normes de genre en habillant un mannequin de ses propres vêtements et en plaçant une ampoule électrique rouge dans sa poche de poitrine. Cette œuvre rend hommage à ce geste radical.
Art et culture de masse
McKenzie est fasciné par les premières formes de divertissement, où l'art et la culture de masse se confondent. C'est le cas de la tradition du 19e siècle du panorama en mouvement. Au Z33, elle présente ses premières peintures de panaroma en mouvement, inspirées de vieilles scènes de films où les passagers d'un train sont le paysage qui défile comme une peinture. Depuis un compartiment de train miniature, vous observez le paysage le long de la rivière Hudson à New York. La deuxième œuvre est inspirée d'une attraction de l'exposition universelle de 1900, où un panorama du chemin de fer transsibérien était présenté. Tout comme le panorama en mouvement est un précurseur du cinéma moderne, les orgues de danse des frères Decap sont un précurseur de la musique électronique. McKenzie a sélectionné des objets extraordinaires dans les archives Decap pour montrer leur riche histoire.
Elle dessine également un orgue de danse dans le style de l'architecte flamand Jozef De Bruycker (1891-1942), membre du Verdinaso et du Vlaamsch Nationaal Verbond. Elle cherche à savoir si son style peut être dissocié de ses idées politiques. Une approche qu'elle adopte également dans Náhrdelník (« collier » en tchèque), un nouveau film basé sur des séquences de la série télévisée tchèque du même nom, diffusée en 1992. McKenzie a adapté les sous-titres en une nouvelle histoire aux accents sombres, qui se déroule dans la célèbre Villa Müller de l'architecte autrichien Adolf Loos (1870-1933).
Nouvelles peintures murales sur mesure de Z33
McKenzie s'intéresse à la manière dont l'art est utilisé à des fins politiques. Ces dernières années, elle s'est souvent inspirée des peintures murales de l'artiste mexicain Diego Rivera (1886-1957). Les deux grandes peintures qu'elle a réalisées pour Z33 véhiculent un message socialement critique. Mural Proposal for Jeffrey Epstein's New York Townhouse (Filming of American Psycho) montre une scène du tournage du film culte American Psycho (2000). Dans la douche, l'acteur Christian Bale joue le rôle de Patrick Bateman, un banquier qui a une vie secrète de tueur en série et qui traite les femmes de manière horrible. Dans ce tableau, McKenzie inverse les rôles. Bateman est observé par un groupe de femmes. La peinture a été inspirée par une anecdote de la réalisatrice Mary Harron. Elle a raconté que les femmes sur le plateau de tournage ont arrêté de travailler et se sont rassemblées pour regarder Bale prendre une douche. La peinture murale pour Cromwell Place (Francis Bacon's Studio) est inspirée d'anecdotes sur le tripot londonien de Francis Bacon. Comme Rivera, elle caricature la classe des aristocrates et des industriels qui jouaient non seulement avec leur propre argent, mais aussi avec l'ensemble de l'économie.
Bio
Lucy McKenzie vit et travaille à Bruxelles depuis 18 ans. Elle est connue pour ses peintures illusionnistes en trompe-l'œil, qui insufflent une nouvelle vie à une forme d'art plus ancienne. L'interaction entre les techniques historiques et les thèmes contemporains est le fil conducteur de son travail.
Lucy McKenzie (née en 1977, Écosse, Royaume-Uni) a étudié au Duncan of Jordanstone College of Art & Design, à Dundee, en Écosse (1995-1999) et à l'Institut supérieur de peinture de Bruxelles Van der Kelen-Logelain, à Bruxelles, en Belgique (2007-2008). Depuis 2007, elle collabore avec Beca Lipscombe sur le projet de design et la marque de mode Atelier E.B. En 2020-2021, Prime Suspect, une rétrospective de son travail à mi-carrière, a été organisée par le Museum Brandhorst (DE) et la Tate Liverpool (UK). Expositions passées : Pinacoteca Agnelli, Turin, IT (2023) ; La Verrière, Bruxelles, BE (2022) ; Fondazione Bevilacqua La Masa, Venise, IT (2017) ; Art Institute of Chicago, Chicago, US (2014) ; Lucy McKenzie, Museum Ludwig, Cologne, DE (2009) ; MoMA, New York City, US (2008). Elle est représentée par la Cabinet Gallery (Royaume-Uni) et la Galerie Buchholz (Allemagne/États-Unis).
Commissaire d'exposition: Tim Roerig
Parcours pur les familles: Super Magazine
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Veerle Ausloos